Budget du Québec

Tirer le maximum de chaque dollar

Le dernier budget du Québec comportait plusieurs mesures pour soutenir l’économie et atteindre l’équilibre budgétaire prochainement. Comme il se doit, les mérites du budget seront débattus sur la scène politique. Notre regard se veut neutre et orienté vers une opérationnalisation réussie de la gestion de l’État et de ses projets au bénéfice des citoyens.

La situation actuelle est sans précédent et représente un défi colossal pour les administrations publiques. Jamais autant d’événements perturbateurs de l’économie n’auront interagi. La pandémie a fait plonger l’activité économique en 2020 avant qu’elle ne rebondisse de façon spectaculaire en 2021. Les gouvernements ont engagé des dépenses massives pour amortir le choc, provoquant des déficits majeurs et faisant gonfler la dette. Les entreprises privées, les gouvernements et les services publics sont sous une forte pression qui est accrue par les pénuries de main-d’œuvre.

Dans ce contexte imprévisible, le Québec a plusieurs atouts. Des entrepreneurs dynamiques. Des gestionnaires chevronnés dans des institutions fortes. Une économie diversifiée. Des secteurs de pointe. Une stabilité politique. Néanmoins, les besoins sont grands et les ressources sont limitées. Le gouvernement devra chercher à maintenir un environnement économique aussi favorable que possible à la création de richesse.

L’excellence et l’agilité en gestion de projets

L’une des clés de la réussite de l’administration gouvernementale pour atteindre l’équilibre budgétaire dans ces circonstances sera de tirer le maximum de chaque dollar public dépensé. Il s’agit donc de générer des gains d’efficacité et d’assurer une agilité dans la planification. Pourtant, ces aspects sont absents de la discussion publique. Ce doit être une priorité, surtout face à une forte inflation. Faire le maximum avec chaque dollar doit devenir une obsession de nos dirigeants pour préserver la qualité des services et protéger le niveau de vie des citoyens.

Le gouvernement s’est doté d’une politique cadre pour ses projets majeurs qui demande un gestionnaire de projet. Cependant, trop de projets y échappent encore. Les bonnes pratiques permettent pourtant des gains d’efficacité importants lors de la planification des projets, la sélection des contributeurs, l’échéancier des travaux ou l’affectation des sommes.

Le Québec, on le sait trop peu, est un pôle d’excellence reconnu internationalement en gestion de projets : 14 chaires de recherche et observatoires y sont consacrés. PMI-Montréal est la principale antenne au Québec du plus grand regroupement mondial d’experts, formateurs et chercheurs en gestion de projets.

Nous invitons le gouvernement à profiter de cette expertise et à faire bénéficier les citoyens des meilleures pratiques qui soient dans la maîtrise d’œuvre des projets et dans l’innovation. Ainsi, outre l’application de la Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructure publique, nous souhaitons qu’une culture de gestion de projets s’installe au sein de tous les ministères.

Les économies potentielles sont très importantes. En se basant sur le budget alloué annuellement au PQI (Plan québécois des infrastructures) en 2021-2022, l’adoption des meilleures façons de faire permettrait d’économiser 13 milliards de dollars. C’est le prix de 86 nouvelles écoles secondaires, de 60 maisons des aînés, ou de 121 nouvelles voies de contournement, selon les coûts actuels !

L’expertise de pointe en gestion de projets s’applique à toutes les sphères d’activité et peut bénéficier à tous les milieux, entreprises, OBNL, gouvernements et organismes publics. Évidemment, l’excellence en gestion de projets n’est pas une panacée. Le contexte va demeurer volatil et imprévisible. Mais c’est un moyen incontournable pour tirer le maximum de valeur de chaque dollar et renforcer l’habileté du Québec à naviguer sur cette mer agitée.

* Cosignataires, anciens présidents de PMI-Montréal : Chantal Sorel, directrice et conseillère en infrastructures et énergie, Aéroport de Montréal ; Henri-Jean Bonnis, associé fondateur et directeur général, Adsum Consulting Group ; Benoit Lalonde, associé principal et consultant en gestion de projet, GPBL Penser Projet ; Carl M. Gilbert, directeur des programmes de certification et formation, PMI-Montréal ; Kashimoto Mpinga, directeur du développement du campus MIL, Université de Montréal ; Michael Kamel, associé, Transactions, PwC Canada

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.